C'était la première fois qu'Enma mettait les pieds ici. Depuis qu'elle était sur cette planète elle cherchait une ville, un environnement qui pourrait la rassurer. Mais bizarrement cette ville-là n'avait pas été créée pour elle. Mal à l'aise, la jeune fille déambulait parmi les rues, ne sachant quelle direction prendre. A vrai dire, elle était totalement perdue, ce qui n'est pas peu dire pour quelqu'un qui a l'habitude du voyage et du changement. Elle marcha encore un long moment jusqu'à ce qu'elle ne sache même plus ce qu'elle venait faire ici. Elle s'arrêta un instant. L'air lui-même finit par l'oppresser, elle n'était pas tranquille.
La jeune fille soupira bruyamment et reprit sa marche, ce n'était pas en restant plantée là que sa situation s'arrangerait. Son regard ne s'attardait pas sur les gens qui l'entourait, elle préférait se concentrer sur ses pensées, aussi bien qu'elle ne regardait presque pas où elle marchait. Elle rumina des pensées plus ou moins noires pendant encore un moment puis son regard se tourna sur la vitrine d'une petite boutique sur sa gauche.
Une espèce de magasin de bestiaux quelconque sans doute, car elle crut apercevoir une cage contenant des poulets. Bizarrement, la petite brune sentie son cœur se serrer, une image brève venait de lui traverser l'esprit, lui rappelant amèrement son enfance passée. Combien de fois avait-elle courut après les poulets qui servait de nourriture aux fauves ?
Enma fit volte-face pour tourner le dos à la devanture et à tout ce qu'elle était susceptible de lui ramener à l'esprit. Elle marcha droit devant elle, évitant de peu un véhicule et ne se souciant pas de ce que le conducteur pouvait lui crier. Son esprit était embrumé de larmes et pourtant son visage impassible ne trahissait aucune émotion.
Alors qu'elle fixait ses pieds, accélérant sa marche, Enma heurta quelqu'un et stoppa net, esquissant même un léger mouvement de recul. Elle leva le regard sur celui ou celle, bien plus grand qu'elle, dont elle ne voyait encore que le dos. La petite brune murmura un léger « désolée » avant de faire quelques pas en arrière. En reculant elle percuta de nouveau quelqu'un, une jeune femme de carrure forte. Enma, complètement déboussolée, marmonna un semblant d'excuse, recula encore et la situation se reproduisit. Bousculée ainsi encore plusieurs fois, la voltigeuse se retourna vivement et sorti de ce flot de personnes sorties de nulle part.
Cette fois-ci elle regardait devant elle quand un homme lui barra la route. Elle fixa ses prunelles écarlates, et son passé surgit de nouveau, brouillant sa vue le temps d'une seconde. Des yeux rouges, comme sa mère. Enma dévisagea sans vergogne l'inconnu qui lui faisait face.